L’industrie touristique recrute difficilement ou ne trouve plus de candidats

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Avec la crise liée au covid-19, les entreprises touristiques vivent une révolution humaine inédite et intégrale. Les professions touristiques recrutent difficilement ou n’arrivent plus à trouver de candidats. Quelles sont les perspectives ? Quelles pourraient être les évolutions ? Brice Duthion, Manager filière tourisme, Campus Sud des Métiers, CCI Nice Côte d’Azur nous livre plusieurs pistes de reflexion.

Le tourisme est une activité dont on a vanté en France, pendant longtemps, les principales données macroéconomiques. Il était de tradition de louer jusqu’il y a à peine deux ans, à pareille époque de l’année, les premiers résultats jugés mirobolants de l’activité de l’année qui s’achevait.

Les communiqués de presse pouvaient être publiés, triomphants, semblables ou presque d’une année sur l’autre, insistant sur le taux de croissance des touristes internationaux venus admirer notre hexagone et s’extasiant des retombées économiques sur les territoires.

Les mêmes analystes venaient expliquer dans les mêmes médias les mêmes phénomènes. Les discours finissaient par n’être plus audibles tant ils se répétaient, les regards par se confondre tant ils contemplaient notre pays avec des lunettes grossissantes et déformantes.

Le seul prisme qui variait semblait être celui de ce qui nous séparait de la barre symbolique des 100 millions de visiteurs internationaux, que nous comptions franchir avant la Chine et les États-Unis.

C’était un temps pas si lointain qu’on aurait pu nommer « les 40 fastueuses » du tourisme, pour paraphraser un célèbre économiste du vingtième siècle, histoire de caractériser ces décennies qui entre 1980 et 2020 ont idéalisé la place de la France comme première destination mondiale et donner leurs lettres de noblesse médiatique à quelques acteurs qui confondaient leur brève renommée avec le destin touristique de notre Nation.

Les entreprises touristiques vivent une révolution humaine inédite et intégrale

Seulement voilà. Les besicles d’hier ne sont plus adaptées, il convient de ne plus examiner le tourisme par le petit bout de la lorgnette quantitative, nombriliste et hexagonale.

Mais bien de l’examiner comme un tout, un secteur dont la crise, d’abord sanitaire, fracture les frontières, fragilise les certitudes et redessine les contours. Officiellement un secteur pensé et orienté d’abord client.

Qui n’a pas entendu de beaux discours durant la dernière décennie sur « l’expérience client », n’a pas participé à des rencontres professionnelles sur « la gestion de la relation client » ? Tout pour le client (sans oublier les actionnaires et les propriétaires des entreprises) avions-nous tendance à enseigner, professer, jargonner.

Force est de constater que les entreprises touristiques vivent une révolution humaine inédite et intégrale. D’une organisation exogène, tournée vers l’extérieur, les préoccupations apparaissent depuis quelques mois d’abord et avant tout endogènes. La crise de confiance ne vient pas des clients des entreprises, dont les mutations d’usages sont identifiées. Des offres et des réponses y sont apportées.

C’est de l’intérieur des organisations que viennent les mutations les plus soudaines et les plus inattendues. Ce sont les salarié.es qui fragilisent encore un peu plus les entreprises déjà chancelantes.

La lumière vacillante du monde du travail d’hier éclaire encore un peu le marché de l’emploi, mais pour combien de temps encore ?


Crise des vocations et des formations

A défaut de changer le monde, nombre des salariés, décident de changer leur monde. A commencer par leur monde professionnel, dont ils veulent s’affranchir et se libérer de ce qui semble être devenu un carcan.

Le tourisme n’échappe évidemment pas à la règle. A en lire les journaux et écouter la musique médiatique, il apparait même comme l’un des secteurs les plus touchés par la fuite de la main d’œuvre. La crise du recrutement y est explicitée, comme pour le transport routier ou le secteur du BTP. Mais les réflexes ont la vie dure.

Ici 100.000 emplois, là 150.000 annonces de recrutement ne sont pas pourvus. On ressort le quantitatif pour expliquer quand il serait plus approprié d’analyser qualitativement les raisons de ce mal-être, de cette fuite des talents, de ces refus de perpétuer un système que beaucoup de salariés, ou d’anciens collaborateurs, dénoncent et jugent comme « anachronique », « dépassé », « obsolète », à en lire par exemple ce qu’en disent les membres de groupes constitués sur les réseaux sociaux.

Cette question de « l’inattractivité » des emplois du tourisme, à commencer par ceux de l’hôtellerie -restauration, a servi de base de réflexion à la petite équipe que j’anime au Campus Sud des Métiers tourisme de Nice.

Nous avons proposé à un groupe de jeunes professionnels, dont la moyenne d’âge est d’une trentaine d’années, de partager avec nous les principales raisons de cette désaffection mais également de proposer des solutions qui permettraient de rendre de nouveau les emplois attractifs et d’attirer et fidéliser dans le secteur HCR.

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